Tout d'abord, devant la récente multiplication des commentaires, j'ai décidé que le poisson rose serait désormais ma mascotte. D'où le déménagement du bocal sur votre droite.
Alors, à la base, j'aurais du poster sur le fait que j'avais cassé mes volets.
Mais en fait, je vais plutôt vous raconter mon expédition dans le pays Barrois.
Eh ouais, genre Montmédy ne m'a pas suffi, il a fallu que j'aille à Bar le Duc (même que je suis passée devant un panneau qui indiquait Salmagne, 7km, alors, hein !).
Départ de Nancy à l'aube: 9h30.
On sait quand on arrive vers Bar parce que tous les bleds ont des noms du style trou-du-cul-du-monde-en-BARROIS.
Arrivés chez Fernande Morue, 93 ans, nous* nous apercevons que la native de Demange aux Eaux n'avait à nous offrir que du Sprite en guise de repas. Qu'à cela ne tienne, nous entreprîmes de visiter le Thiriet ! Et là, mes enfants, ce fut Byzance, nous ne reculâmes devant aucune dépense : charlotte aux fruits rouges, lasagnes, demi baguette surgelée et brioche !
La classe.
Pendant ce temps là, Fernande nous attendait en râlant dans sa maison qui pue.
Bah ouais, parce que chez Fernande, ça pue.
40 ans à faire crâmer du graillon au feu de bois, ça laisse des traces.
A tel point que quand on revient du Barrois vers la civilisation, il faut bruler ses vêtements et se couper les cheveux.
L'odeur est comme qui dirait tenace.
Donc, tandis que l'on enfournait les lasagnes, Fernande s'assit à grande peine surune la chaise de la cuisine. Puis elle partit dans son traditionnel couplet:
"Ohhh, bah ne devenez point vieux ! Priez l'bon dieu de n'point trop souffrir ! Et bah mon vieux ! Jsens que je va** mourir !"
Nous lui fîmes part fort délicatement de notre envie de reposer notre séant :
"Oui, bah tu vas peut être pas mourir sur ta chaise dans la cuisine, viens au salon, au moins ya des fauteuils !"
Une demie heure passe = le temps pour elle de marcher 50 centimètres en râlant vers son fauteuil.
Elle nous raconte en râlant que les femmes de ménage ne veulent pas laver son rideau de douche.
Nous, évidemment, on ne dit rien.
Enfin, si.
On s'amuse à un de nos jeux préférés, le on-va-te-piquer-tes-sous.
Le principe est assez simple.
1-On parle à voix basse.
2-Fernande qui est sourde lance un "mais qu'est ce qu'ils disent ces cons là?"
3-On continue de parler à voix basse.
4-Dans notre petite conversation, on place anodinement un "on va te piquer tes sous!"
5-Fernande saisit sa canne d'un air menaçant et hurle "eh bah, viens-y!"
La Fernande, c'est une sourde sélective. Comme son mari, le Jojo. Il est mort le Jojo, mais c'est dommage, parce qu'il avait aussi ses petites astuces pour emmerder la Fernande.
Fernande avait des maladies de peau répugnantes, donc, elle devait faire des rayons. Donc elle était bronzée toute l'année. Donc le Jojo l'appelait Saddam. Donc elle râlait***. Donc on se marrait.
Bon bah comme le Jojo il est mort, on peut pas y couper, faut aller au cimetière****. Moi, vu que je parle pas aux morts et que je sais pas faire le signe de croix, je m'emmerde toujours un peu dans les cimetières. Enfin, bon, j'essaie de pas penser au fait qu'il y a des corps qui moisissent comme un vieux joint de baignoire humide tout autour de moi.
Elle pleure, Fernande, parce que même si c'était un mariage arrangé pour réunir des terrains, elle l'aimait quand même bien le Jojo.
Du coup, je me sens un peu mal à l'aise dans mes Converse.
Pis, d'un coup d'un seul, la râleuse reprend le dessus et tend sa canne vers un bouquet de rose en plastique du plus bel effet ornant une tombe voisine. Elle se retourne vers le papatron et dit : "t'as vu, l'autre XXX, elle m'a barboté mes fleurs !"
C'est assez mal vu d'exploser de rire dans un cimetière, mais elle l'a cherché, la Fernande.
Ah, la Fernande, c'est tout un poème.
Il y en a encore bien d'autres à conter à propos d'elle (dont ses aventures à Leningrad) mais ça sera pour une autre fois.
*nous = le papatron et la morue.
**l'agricultrice née en 1912 ne maitrise pas la conjugaison, et ponctue son discours par des "eh bah mon vieux". L'histoire ne dit pas qui est le vieux en question.
***elle râle quand même beaucoup la Fernande.
****décidément, c'est emmerdant qu'il soit mort, le Jojo.
Bande son : Bah, pas de bande son, parce que quand t'arrives à Bar le Duc, tu captes plus RTL 2.
Alors, à la base, j'aurais du poster sur le fait que j'avais cassé mes volets.
Mais en fait, je vais plutôt vous raconter mon expédition dans le pays Barrois.
Eh ouais, genre Montmédy ne m'a pas suffi, il a fallu que j'aille à Bar le Duc (même que je suis passée devant un panneau qui indiquait Salmagne, 7km, alors, hein !).
Départ de Nancy à l'aube: 9h30.
On sait quand on arrive vers Bar parce que tous les bleds ont des noms du style trou-du-cul-du-monde-en-BARROIS.
Arrivés chez Fernande Morue, 93 ans, nous* nous apercevons que la native de Demange aux Eaux n'avait à nous offrir que du Sprite en guise de repas. Qu'à cela ne tienne, nous entreprîmes de visiter le Thiriet ! Et là, mes enfants, ce fut Byzance, nous ne reculâmes devant aucune dépense : charlotte aux fruits rouges, lasagnes, demi baguette surgelée et brioche !
La classe.
Pendant ce temps là, Fernande nous attendait en râlant dans sa maison qui pue.
Bah ouais, parce que chez Fernande, ça pue.
40 ans à faire crâmer du graillon au feu de bois, ça laisse des traces.
A tel point que quand on revient du Barrois vers la civilisation, il faut bruler ses vêtements et se couper les cheveux.
L'odeur est comme qui dirait tenace.
Donc, tandis que l'on enfournait les lasagnes, Fernande s'assit à grande peine sur
"Ohhh, bah ne devenez point vieux ! Priez l'bon dieu de n'point trop souffrir ! Et bah mon vieux ! Jsens que je va** mourir !"
Nous lui fîmes part fort délicatement de notre envie de reposer notre séant :
"Oui, bah tu vas peut être pas mourir sur ta chaise dans la cuisine, viens au salon, au moins ya des fauteuils !"
Une demie heure passe = le temps pour elle de marcher 50 centimètres en râlant vers son fauteuil.
Elle nous raconte en râlant que les femmes de ménage ne veulent pas laver son rideau de douche.
Nous, évidemment, on ne dit rien.
Enfin, si.
On s'amuse à un de nos jeux préférés, le on-va-te-piquer-tes-sous.
Le principe est assez simple.
1-On parle à voix basse.
2-Fernande qui est sourde lance un "mais qu'est ce qu'ils disent ces cons là?"
3-On continue de parler à voix basse.
4-Dans notre petite conversation, on place anodinement un "on va te piquer tes sous!"
5-Fernande saisit sa canne d'un air menaçant et hurle "eh bah, viens-y!"
La Fernande, c'est une sourde sélective. Comme son mari, le Jojo. Il est mort le Jojo, mais c'est dommage, parce qu'il avait aussi ses petites astuces pour emmerder la Fernande.
Fernande avait des maladies de peau répugnantes, donc, elle devait faire des rayons. Donc elle était bronzée toute l'année. Donc le Jojo l'appelait Saddam. Donc elle râlait***. Donc on se marrait.
Bon bah comme le Jojo il est mort, on peut pas y couper, faut aller au cimetière****. Moi, vu que je parle pas aux morts et que je sais pas faire le signe de croix, je m'emmerde toujours un peu dans les cimetières. Enfin, bon, j'essaie de pas penser au fait qu'il y a des corps qui moisissent comme un vieux joint de baignoire humide tout autour de moi.
Elle pleure, Fernande, parce que même si c'était un mariage arrangé pour réunir des terrains, elle l'aimait quand même bien le Jojo.
Du coup, je me sens un peu mal à l'aise dans mes Converse.
Pis, d'un coup d'un seul, la râleuse reprend le dessus et tend sa canne vers un bouquet de rose en plastique du plus bel effet ornant une tombe voisine. Elle se retourne vers le papatron et dit : "t'as vu, l'autre XXX, elle m'a barboté mes fleurs !"
C'est assez mal vu d'exploser de rire dans un cimetière, mais elle l'a cherché, la Fernande.
Ah, la Fernande, c'est tout un poème.
Il y en a encore bien d'autres à conter à propos d'elle (dont ses aventures à Leningrad) mais ça sera pour une autre fois.
*nous = le papatron et la morue.
**l'agricultrice née en 1912 ne maitrise pas la conjugaison, et ponctue son discours par des "eh bah mon vieux". L'histoire ne dit pas qui est le vieux en question.
***elle râle quand même beaucoup la Fernande.
****décidément, c'est emmerdant qu'il soit mort, le Jojo.
Bande son : Bah, pas de bande son, parce que quand t'arrives à Bar le Duc, tu captes plus RTL 2.
7 commentaires:
Je vois où il est ce panneau !!! Faut dire qui y'en a pas bcp ... 7km avant une piscine toute propre mais qui sert à rien vu le temps. Et oui, dimanche pluvieux sur le Barrois.
Sinon, ça va, Fernande s'exprime bien dans le dialecte barrois du 3ème âge, la transcription est correcte ...
Joli poisson sinon ... très glamour.
Hé bin mon vieux, c'week-and, c'était comme qui dirait la ruée au trou du cul du monde!
Moi qu'étions avec mes vieux enco' plus loin que bar, même d'au-de-dlà de la meuse!
Bah une journée à troupatelin après deux jours dans les vosges, c'est qu'j'ai fait mon plein de trous perdus, moi, j'te l'dis!
ça y est lapinus t'as surmonté l'épreuve de ta mamie ki pue, je me demandais d'ailleurs si t'étais toujours en vie...je suis bien rassurée, même si je pense ke j'attendrai aux moins trois semaines ke l'odeur incrustée de ta formidaaaable Saddam ne se soit, ne serait-ce k'un ptit peu éloignée, pour venir te voir...
tiens "Saddam" me fait penser à des événements pas très rigolos mais ki me rappellent une ptite citation de notre grande discussion de 3h ki m'a fait bien plaisir l'autre soir, je ne dirais k'une chose : ils ont pas de chance les Kamikazes surprises!
en continuant sur les réplik cultes des gds-parents : "eh oui c'est comme ça!la vie c'est pas facile!" après ça on peut tjs s'attendre à l'éternelle rangaine : "j'espère k'on va pas partir tt de suite..." mais bon on les aime qd même va...sur ces paroles pleines de sagesse je t'embrasse ma lapinus yayaya
Mdr : hé bé vive Fernande !
du pur bonheur de lire tes histoires ! rarement ri autant sur les autres blogs
J ai entendu une citation de vieux ce matin : 'on va pas prendre le temps de mourir'....Ce a koi l autre répondit 'a bah ça on l' verra pas arriver'....Dialogue de vieilles a la caisse d'un supermarché...Sans commentaire.
c'est pour quand les aventures de la Fernande à Leningrad ?
je crève d'impatience !
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