05 février 2006

Je sens poindre mon courroux.

Que je vous explique mon désarroi.

Demain, 9h40, CSI foncia débarque au clapier. Oui, oui, à 9h40. En d'autres termes, à l'aube. Evidemment, il va falloir que je me lève AVANT 9h40; ça, ça me fait mal au cul, mais je l'ai intégré. Deuxièmement, je ne peux pas décemment me permettre d'accueillir Grissom dans un clapier tout salopé. Et puis de toutes manières, je suis quand même attachée à l'idée que dans mon appart flotte une odeur de printemps dans les prairies fleuries du Wyoming.

Et, bon, bah, là, si on veut, c'est un peu comme qui dirait le drame. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais dans ma cuisine échelle Martine joue à la dînette, on peut humer une odeur de mort. N'écoutant que mon courage, moi, votre vaillante serviteuse... m'assis 5 minutes histoire de réfléchir à une stratégie visant à l'élimination des fumets de la pestilence au travers de la pulvérisation du mort précédemment cité.

Assez optimiste au départ, je me trouvai soulagée de constater que la diffusion des remugles mortuaires était circonscrite à la zone cuisine. En tant que chantre auto-proclamée de la logique ménagère, j'entrepris les investigations d'usages visant à anéantir en premiers lieux les éléments les plus propices au développement odoriférant. Autrement dit, je me suis mise à désinfecter comme j'ai pu les trucs qui avaient le plus de chance d'abriter des petits mammifères en décomposition.

Le choix le plus cohérent pour débuter ma traque de la puanteur: la poubelle. En ce moment je ne passe pas énormément de temps chez moi, et malgré une hygiène personnelle absolument irréprochable, j'ai une légère tendance à laisser la poubelle mener sa petite vie. J'ai donc ficelé la bougresse et l'ai balancée dans une benne à ordures. Une fois rentrée, quelle ne fut pas ma surprise quand je m'aperçus que l'agression nasale persistait. Mes soupçons se portèrent à nouveau sur la poubelle, mais cette fois sur l'objet en plastique rose qui occupe une petite niche douillette ménagée dans la cuisinette. Au diable l'avarice, je jetai négligemment 4, oui messieurs, 4 JAVEL DOSES dans la poubelle et la remplis d'eau. Trempage, lavage, rinçage, séchage plus tard; ça poque toujours, et l'eau de javel, ça nique les mains.

Qu'à cela ne tienne, je finirai bien par mettre la main sur le coupable. Hypothèse n°2: le frigo. Que dire, mis à part que cela fut un véritable festival. Je me suis séparée des yaourts à la date, du reste de la boîte d'ananas qui m'avait servie à confectionner une charlotte le 2 octobre* dernier, des briques de lait passées de date, du gruyère qui lui n'était pas passé de date, mais dont la couleur m'aurait permis de faire un gratin au bleu, des fruits en tous genres qui me rappellent les étés de mon enfance (ou pas). Je me suis aussi sentie obligée de démonter délicatement les petites boites dans la porte du frigo -en fait, je les ai arrachées avec force violence- car à ma grande surprise, ces petites boîtes fort pratiques au demeurant lorsqu'il s'agit de ranger ses bons oeufs fermiers comportaient de vilaines traces noireâtres auparavant dissimulées par quelques bouteilles de lait juidicieusement disposées. En résumé, je me suis bien gavée le cul à démonter le frigo et à le décaper à mains nues**. Pour rien. Sauf, que je me suis limite chopée des engelures.

Un tout petit peu agacée, je finis par me lancer dans la purifiaction de l'égouttoir à vaisselle, mais sans grande conviction. Oh, ça m'a quand même pris une 20aine de minutes, étant donnés les petits interstices dont les bactéries qui puent sont fort friandes. A ce stade de mon enquête, j'optai pour une petite pause, car poursuivre mes investigations aurait contribué au décapage de mon précieux outil de recherche, j'ai bien sur nommé mes muqueuses nasales.

Quelques minutes d'intense réflexion plus tard, je me rendis compte de ma bêtise. Je n'avais pas vérifié le dessous du four! Il m'est déjà arrivé d'y trouver des boulettes non identifiées qui dataient probablement de l'époque où la santé mentale de Tom Cruise ne laissait pas tant à désirer. Choux blanc. 3 grains de riz et 2 coquillettes, ça vous génère pas une odeur à ressuciter Guillaume Depardieu. Ah bon, il est pas mort? Au temps pour moi.

Il faut se rendre à l'évidence. Le mal vient des canlisations. Je ne me laisserai pas abattre par quelques tuyaux. Je vaux mieux que ça. Pis j'ai de la lessive de soude saint marc. Fi de l'amateurisme. Mais, là, je ne comprends pas, mon intelligence supérieure se voit contrainte à la capitulation. La lutte contre le mort qui fouette marquerait elle le premier faux pas de mon ingéniosité légendaire? Dans un dernier effort, je me dis que peut être l'odeur incommodante provenait de la grille du trop plein de l'évier. Un rien irritée, j'écrasai quelques pastilles de javel et introduisis la poudre ainsi récoltée dans la grille. Aucun résultat. Le mort qui pue fait de la résistance. Je suis excédée, et cet état de nervosité extrême ne saurait être de bon conseil dans la bataille que je dispute.

J'abandonne le combat pour l'instant. Peut être que l'attaque frontale n'était pas la meilleure solution. Je vais laisser le mort qui poque se reposer et au moment même où il baissera la garde, je serai sans pitié et délivrerai sans trembler le coup de grâce d'un jet de cif rageur.


*si vous cherchez bien, je suis sure d'en avoir fait mention à l'époque dans un article concernant un crétin qui interprête les prédictions de Nostradmus à ses heures perdues.
**un jour, je vous raconterai la fois où l'EDF m'a coupé le courant en février pendant que j'étais en vacances et quand je suis rentrée les poissons panés du freezer avaient pris une jolie nuance verte. Avec des poils.

8 commentaires:

Clem a dit…

Oh, mais quelle jolie intention Morue de vouloir me rappeller mon retour de vacances a B'ham!
Quand il a fallu jetter les steacks verts et poilus, vider le lait caille, deglacer le congelateur a coup de piolet, vider les placards, les laver au karscher et exterminer les merveilleuses petites betes qui y avaient elu domicile.
Et tout ca sans Javel s'il vous plait.

glamourous cod a dit…

je t'aime beaucoup, certes, mais pas au point de laisser l'armée des morts péter dans mes canalisations juste pour te faire plaisir.

Anonyme a dit…

C'est officiel, la Morue est bonne à marier. Mais as-tu pensé à utiliser les légendaires herbes de Provence dont on a tant entendu parlé ??

Sinon, pour Guillaume Depardieu, non il est pas mort, mais il aurait certes pu contribuer à l'effort de guerre de l'armée des morts qui pètent si on lui avait pas coupé sa jambe moisie ...

Il est 10h quand j'écris ceci ... et ... je pense à toi en ce moment (si, si) car tu dois être en train de faire la maitresse de clapier modèle.

Clem a dit…

Nan, morue, faut pas croire que je n'utilises pas de Javel parce que ma conscience ecologique engagee me l'interdit.

C'est juste que ca existe pas en Angleterre la Javel.


Alors, il sentait bon la fleur des champs ce matin ton clapier?

Anonyme a dit…

Ah le fameux nettoyage de cuisine ! Nous avions le même problème chez une amie étudiante. Nous avions mis du temps et des efforts dans notre recherche pestinentielle quand soudain ...
- myself : "'tain, elle est hypra foncée la vitre de ton four ..."
- herself : "oui c'est normal car j'avais oublié un hachis parmentier et il avait bien cramé"
- "c'était quand ce cramage ?"
- "euh 6-8 mois"
- "et t'as pensé à le virer du four ?"
- "..."

Nous étions terrorisé à l'idée d'ouvrir le four et risquer de libérer une force que ce monde ne peut contenir. Nous avions donc préparé l'arrivée de la bête : vidage complet de la cuisine, ouverture en grand de la vitre, porte imperméabilisée, protections vestimentaires et nasales en place. La porte du four paraissait vitrifiée par la chaleur, puis collante comme un blob extraterrestre. Et c'est le drame (©M6). Le plat (malgré les très hautes températures) avait muté avec le hachis ne formant plus qu'un. Une espèce de boule de poil qui avait élu domicile dans tout le four. Malgré nos préparations mentales respectives, l'odeur fut bien plus puissante que prévu. Vu l'étendu des dégâts, nous décidions de sortir le plat et d'offrir le four au CNRS pour études.

Anonyme a dit…

ha ha ha j'adore ton récit Heretic.

Clem a dit…

Bah il est passe ou ton dernier post, Madame Morue?

On fait comment, nous, pour te feliciter de tes notes qui arrachent tout meme tes notes de deug?

Eleftheria a dit…

Que la force soit avec toi dans ton dur combat !