Ce n'est que pour deux mois. Ce n'est que pour deux mois. Ce n'est que pour deux mois. Ce n'est que pour deux mois...

J’ai regagné avec joie le petit monde merveilleux de l’entreprise en cette belle journée estivale. Quel bonheur de réaliser qu’on a royalement augmenté mon salaire horaire de 40 centimes, il semblerait que je le vaille bien. Je n’ose pas vous raconter l’euphorie que j’ai éprouvée en pénétrant dans cet antre de la frustration personnelle aux murs recouverts de moquette marron et dont la machine à café date des années 70. Quelle petite veinarde je suis : quand mon bien aimé patron sera parti en vacances, son assistante prendra son bureau, et moi, le bureau de l’assistante. Ceci est synonyme de grand soulagement pour la béate intérimaire que je suis. En effet, je n’aurai plus à déployer mes talents d’actrices pour avoir l’air convaincante et absorbée lorsque l’effervescence n’est pas au rendez vous au service approvisionnements. Cette époque révolue laisse place à un bureau individuel qui me conférera le loisir de m’adonner à une de mes activités préférées, j’ai nommé la lecture de blogs ! Comme les choses semblent s’arranger soudainement ! Tout à l’heure, j’ai été enchantée de me rendre compte que je n’avais pas oublié toutes les procédures passionnantes auxquelles j’allais devoir me référer au cours de ces 38 demi-journées, soit 142,5 heures que je vais passer dans cette merveilleuse usine de matière grasse de la non moins fabuleuse zone industrielle de Ludres. Forts bucoliques instants de félicité lorsque mes doigts volent sur le clavier tels des libellules au dessus d’un étang au coucher du soleil. De ces virevoltants mouvements digitaux, j’eus la surprise de voir jaillir de parfaits bons de commandes pour des opercules de Saint Hubert 41, barquettes 250g et 500g. Le monde du travail n’est il pas magnifique ? Ne procure t’il pas la satisfaction personnelle nécessaire à tout épanouissement ? Si tant est que l’on puisse douter de mon exultation quant à mon premier jour de travail, je tiens à démentir cette fausse impression en vous faisant part d’un épisode tout à fait représentatif de mon allégresse. Au moment de prendre le bus qui devait me ramener vers ma triste vie, je décidai de profiter encore un peu du bon air de la ZI Ludréenne. Que s’est il passé ? Alors que j’arrivais à une dizaine de mètres de l’arrêt de bus, et que celui-ci ne faisait pas mine de ralentir, je lui fis signe que je ne lui en tenais pas rigueur. Vogue vers d’autres trépidantes aventures mon beau vaisseau urbain ; telle Pénélope, j’attendrai avec patience ton retour prés d’un poteau métallique pendant que des nuées de chauffeurs livreurs en marcel tenteront de m’arracher à ma tapisserie…


Bande son : La vie en rose, Grace Jones.